Comment était votre vie avant ? Tout était au mieux dans le meilleur des mondes possibles, qu'il réciterait sagement Voltaire ; jeune loup de la politique, récemment intégré auprès d'élus locaux déterminés à le façonner et passé assistant du professeur qu'il était prêt à admirer depuis le début de ses études supérieures, il se trouvait encore le temps d'entretenir comme une vague histoire d'Amour. Certes, sa vie avait un goût d'artificiel, mais c'était encore ainsi qu'il entendait la vivre. Bâtir méthodiquement. Prendre de l'avance. Pouvoir prédire jusqu'à son devenir sur cinq ou sur quinze ans. Sa vie, avant, n'était autre qu'une merveille de précision et de contrôle. Quel est votre état d'esprit aujourd'hui ? S'il doit admettre que la survie n'est pas dans son essence, il compense par une incroyable pugnacité depuis qu'il s'imagine avoir trouvé sa chance, rencontré son destin. Son opportunité de marquer l'Histoire, de réécrire l'Histoire, peut-être. Il pense à peu d'autres choses que lui-même et à tout ce travail qui n'attend bien que lui. D'aucuns diraient qu'il est déterminé au-delà du raisonnable, y compris au-delà de ce que demande de simplement survivre. Combien de proches avez-vous perdu ? Comment le vivez-vous ? L'épidémie a contribué à lui rappeler ce que se devait être son cercle restreint, et il tient presque tout entier dans sa famille. A proprement parler, Gordon n'a alors perdu aucun de ses proches, ou alors il l'ignore. Son père a disparu il y a plusieurs semaines et sa sœur entretient une piste en miettes de pain. Étiez-vous à Kenaï avant d'arriver à Girdwood ? S'il a marché sur Kenaï, Gordon est arrivé bien après que la plupart des survivants s'en soit enfuie. Il n'y a fait qu'une courte halte, Roxy pour l'orienter vers Girdwood. Pourquoi n'êtes-vous pas dans un camp ? Il n'a pas l'intention de demeurer à Girdwood ; un autre camp, d'autres personnes, attendent son retour ; il n'est venu que pour Roxy, pour la trouver et l'emmener avec lui. Pensez-vous survivre encore longtemps dans un tel chaos ? Ce ne sera pas toujours le chaos, soufflerait-il. Combien de marcheurs avez-vous tué ? Six, très exactement. Combien de personnes avez-vous tué ? Aucune. Ou bien vingt. Ou même mille. Pourquoi ? Dans sa négligence, Gordon n'a pas eu de regard par-dessus son épaule ; il a seulement contemplé, démissionnaire, l'oeuvre de cette sélection naturelle accélérée.  


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« Honnêtement, je comprends pas... » Elle s'est assise, pour ne pas tomber. Elle baisse les yeux, pour ne pas pleurer. Gordon, lui, se tient debout, l'air affirmé de détermination. « C'est simple, pourtant, dit-il. » Elle se mord la lèvre, il le voit – les cheveux retombés devant son visage n'y suffisent pas. « Mais on était bien, tous les deux. » « Tessa, soupire-t-il, déjà las. » Rien que d'entendre son prénom, lâché de la sorte, sans égard, sans affect, elle renifle, rien qu'un peu, pour ravaler le sanglot. « Mais, mais ça fait plus d'un an qu'on est ensemble et... on était bien, tous les deux, serine-t-elle en levant le regard. » Ce froid qu'elle rencontre dans les iris qui l'envisagent lui vrille le cœur. Voilà que les larmes lui échappent. Elles filent, et filent encore. On ne peut plus rien arrêter de ce torrent lancé. « Tu peux pas partir, gémit sa voix brisée. Tu peux pas partir maintenant. » Du sommet de ce qu'il ne devrait pas ressentir devant elle, Gordon lève les yeux au ciel. Il la trouve pathétique. Geignarde. Cette fille est déplorable. Elle, d'habitude si belle si auguste, se ridiculise à chouiner de la sorte. « Je dois rejoindre ma sœur, lui répète-t-il. » « Mais je peux venir avec toi, s'empresse-t-elle d'ajouter. » Elle se courbe au soupir qu'il cingle encore. « Non, tu ne peux pas. » Il y a un silence prostré, frustré, qui traîne entre eux. Elle ne veut plus le regarder. Elle ne peut plus le regarder. Il lui piétine le cœur, tout simplement. Elle s'imagine qu'il doit y prendre une sorte de plaisir obscur, un de ces plaisirs intellectuels dont seul Gordon a le secret. Elle le pensait obscur, et égoïste, et retranché derrière tous ces concepts, mais elle le refusait cruel. « Comment tu peux... avec tout ce qu'il y a dehors... » « C'est précisément à cause de ce qu'il y a dehors, Tessa. Nous deux, ça allait bien pour ce que qu'il y avait avant. » « Qu'est-ce que tu veux dire ? enrage-t-elle soudain. Que je ne suis plus aussi importante, maintenant ? Que tu t'en fous que je me fasse mordre par un... de ces trucs ? Tu sais ce qui arrive à ceux qui se font mordre ! » « Ce n'est plus mon problème, dit-il. » « Sale enfoiré ! hurle-t-elle. » Elle attrape le premier solide à sa portée et s'évertue à le lui lancer au visage. S'il esquive, elle n'en demeure pas là de ses assauts. « Barre-toi ! Barre-toi ! » « Ne fais pas l'enfant. » « Barre-toi ! qu'elle gueule. » Et de lui lancer autre chose. Puis de se jeter sur lui, à corps perdu. Il l'esquive, la voit chuter et s'en dégage. Elle pleure, maintenant. « Je te déteste, sanglote-t-elle. Je te déteste... » Un dernier regard suffit bien. « ...au revoir, Tessa. »



La lame se fiche dans le crâne, libérant un liquide opaque sur l'avant-bras de l'assassin. Il contemple son crime avec stupéfaction ; surpris et de sa force et de sa violence. Tétanisé, le regard va de l'arme à la main, puis au corps tombé, sourd, à ses pieds. Son cœur cogne le thorax et suffoque sa poitrine. Ça fait quatre, halète-t-il, ça fait quatre. Mais on l'attrape déjà par l'épaule, on le secoue. Il voit les lèvres qui s'agitent mais le sifflement peine à percer son oreille. Quand il émerge enfin, quand sa débâcle l'extrait de l'état second, son père est là, à le dévisager, une lueur affolée dans le profond de l'iris. « Ne refais plus jamais ça, Gordon. » Le gosse – car ce n'est alors qu'un gosse – déglutit, reste interdit. Il ne comprend pas. Il vient pourtant de le sauver. Il ne comprend rien. « Me choisir moi plutôt que toi, décrète son géniteur. » Il le secoue encore. « Personne n'est plus important que toi, t'entends ? » Le sursaut l'empêche de raisonner, mais l'étreinte malhabile le retient néanmoins. « Personne, serine le père. T'entends, Gordon ? Personne. Pas même ta sœur... »

Deux semaines plus tard, ils sont cinq - réunis autour du capot de ce qui fût, jadis, une voiture. Les répliques fusent, se choquent, mais aucun ne paraît écouter son voisin. « Il faut qu'on y aille. » « On devrait s'en aller. » « Quoi ? » « C'est absurde – on en a déjà parlé. » « On n'était pas prêt pour ce cas de figure... » « On n'était pas prêt pour quoi que ce soit. » « On devrait y aller. » « Non, on reste. » « Quelqu'un sait où est la radio ? » Ils poursuivent, se chamaillent. Ils se jaugent, aussi, eux et leurs convictions. « Mais c'est un gosse. » « Et c'est lui qui a choisi d'aller le chercher. » « On devrait partir. » « Aller les chercher. » « On peut pas. » « Mais c'est un gosse ! » Un silence se suspend. C'est vrai, c'est un enfant. Et c'est triste, bien sûr, mais... « Tu veux vraiment y aller ? » « On doit aller les chercher ! » « Et si tu ne reviens pas ? » « Je reviendrai. » « Si tu ne reviens pas... » C'est Leeroy qui a parlé. Et lorsque Leeroy parle, tout le monde se tait pour écouter. Tout le monde sauf Gordon. Car s'ils discutent avec tant de véhémence, personne ne pense alors à le consulter. C'est pourtant lui qui songe souvent pour les autres, qui anticipe et qui pourvoie. Mais c'est différent, aujourd'hui. Ça semble différent aujourd'hui. « C'est un gosse, qu'on répète. » « Et c'est lui qui a choisi d'aller le chercher. » « Alors on devrait aller les chercher, tous les deux. » « Et si tu ne reviens pas, répète Leeroy. Alors quoi ? On enverra James, Lynch et Avery te chercher ? Et s'ils ne reviennent pas non plus ? » Quand Leeroy parle, tout le monde se tait. En un sens, il décide, même s'il ne commande pas pour les autres. Il n'empêcherait personne d'agir. Mais ils doivent tous agir pour le bien commun – et c'est là leur credo. Alors, soudain, on se tourne vers Gordon. C'est à lui de voir, après tout, c'est à lui de décider, cette fois. En silence, on le questionne. Car, jusque-là, on a fait comme s'il n'était pas intimement concerné. Or, il l'est. Il est le premier concerné. Et, quelque part, naturellement, c'est cruel de lui remettre ce choix entre les mains – c'est même injuste. C'est que cet homme, parti chercher ce gosse, ce n'est pas n'importe lequel. Cet homme, c'est son père. « D'après toi ? consent à formuler Leeroy. » Voilà, c'est décide. C'est la pire décision à prendre, mais quelqu'un le doit bien. Alors nul ne souffle un mot, ou même un son, lorsque Gordon décrète : « Il comprendrait, dit-il. On n'ira pas le chercher. »


Il n'a plus vu son père depuis des semaines - il ignore s'il est seulement encore en vie. ■ Gordon se dit désintéressé du pouvoir ; ce qui n'est pas encore un mensonge, mais qui le sera bientôt. ■ Il sait des choses aussi utiles que : concevoir un enfant entre les mois de mars et juin double les chances de lui trouver une place en crèche ; Sargon d’Akkad a fondé l'empire d’Agadê en ralliant les principales cités de Mésopotamie au troisième millénaire avant Jésus-Christ ; UNIVAC 1 est le premier ordinateur de l'Histoire américaine ; le True Whig Party, au pouvoir de 1878 à 1980 au Liberia, est considéré comme le premier système politique à parti unique du monde. ■ C'est un admirateur du politologue américain Harold Dwight Lasswell, réputé pour avoir préconisé la gestion gouvernementale des opinions (ce que certains de ses contemporains appelaient aussi propagande). ■ Il appartient à un groupe retranché dans une ancienne fabrique, à la périphérie de Girdwood. Ils se sont auto intitulés Vaishali, du nom de la première république d'Inde, créée au VIe siècle avant Jésus-Christ. Leur credo repose sur une forme de démocratie, où chaque voix est égale à une autre – néanmoins, comme leur nombre a savamment augmenté au fil des kilomètres, il faut reconnaître qu'une minorité décisionnaire s'est dégagée du reste (avec Leeroy à sa tête). ■ En plus de récupérer sa sœur, à Girdwood, Gordon a pour mission de recruter des survivants, en ville, susceptible d'apporter leurs compétences, à la fabrique. ■ Il tient un journal, jour par jour, de sa survie, de celle de son groupe, de même qu'il consigne tous les événements que d'autres ont pu lui rapporter. A terme, ça doit servir à retranscrire l'Histoire ou, faute de le pouvoir, à retranscrire une histoire.



PSEUDO › j'suis flash gordon ! PRÉNOM › flash, donc. PAYS › le pays du camembert. AGE › demandez-le à Ely. OU AVEZ-VOUS DÉCOUVERT LE FORUM › dans les fesses de Saff. VOTRE AVIS DESSUS › dommage qu'il y ait Roxy, quoi. VOULEZ-VOUS RÉSERVER VOTRE AVATAR› oui, bah c'est un peu tard. LE MOT DE LA FIN › TADAAM, LE IVe REICH EST LA ! (cette vanne est sponsorisée par le second degré)

Ok, les gonzesses soit tu les bats, soit tu les abandonnes à des zombies. T'es vraiment un chic type toi ! Sur ce, re-bienvenue quand même

mon frère
Fais attention à Ely elle va vouloir te pécho pour me faire chier

J'aime déjà ce que tu as écrit (pauvre Tessa quand même...) Et Roxy va rien comprendre au boulot de Gordon

Mais arrêtez, avec Tessa... elle est pas morte non plus ! Ou peut-être que si, mais c'est pas sa faute, à lui. Il pouvait pas l'emmener, ça faisait pas sérieux.

Et j'ai bien l'intention de pécho Ely, t'en fais pas. Si Gordon l'a pas assommé en lui expliquant ce en quoi consistait son job, justement !

Merci, les meufs !

Re-bienvenue toi!
Et bon courage avec ce nouveau perso!

Re-coucouuuuuu avec nous, joli monsieur que voilà !
Bon courage pour ta fiche ! Et j'ai hâte de te voir jouer avec ce perso.

bah alors, c'est toujours pas fini cette fiche ? hop hop hop

Ok je sors

Luke, excellent choix !
Bon courage pour la fiche

Rho le frérot de Roxy déjà pris, trop bien !
Je les vois bien s'entendre ces deux là, en plus ça sera plus marrant pour embêter Rox à deux.

Rebienvenue en tout cas !

Rebienvenue parmi nous

LUKE QUOI. LUUUUUUUUUKE.
Rewelcome, t'es trop beau comme ça, bordel

Merci, les copains ! (allez, Hunter, fous-toi à poils, qu'on fasse ça vite fait bien fait)
Il est une heure aberrante mais j'ai jamais autant avancé la fiche de Gordon !

Roy O'Hare a écrit:

Je les vois bien s'entendre ces deux là, en plus ça sera plus marrant pour embêter Rox à deux.

Je proteste

Chut, t'as pas le droit de protester. Mais tu peux dire que ma fiche est pourrie, si tu veux. Ouais, j'ai fini !

Gordon Brooks a écrit:

VOTRE AVIS DESSUS › dommage qu'il y ait Roxy, quoi.

Juste pour ça j'devrais dire que ta fiche est pourrie
Mais j'aime trop ce que tu as fait avec Gordon et je suis trop gentille... alors pour moi c'est tout bon (ouais j'te montre quand même mon cul, juste pour la forme) Maintenant viens faire un câlin à ta petite soeur chérie que tu aimes de tout ton petit coeur (t'en as peut être pas conscience mais c'est le cas, sisi j'te jure)

Bon, même si y'a pas assez de place dans les fesses de Saff pour un tel forum... j'ai l'honneur (ouais ouais, rien que ça) de t'annoncer que tu es validé!
Bon jeu, m'sieur Flash!

Roxy Hamilton a écrit:

Gordon Brooks a écrit:

VOTRE AVIS DESSUS › dommage qu'il y ait Roxy, quoi.

Juste pour ça j'devrais dire que ta fiche est pourrie
Mais j'aime trop ce que tu as fait avec Gordon et je suis trop gentille... alors pour moi c'est tout bon (ouais j'te montre quand même mon cul, juste pour la forme) Maintenant viens faire un câlin à ta petite soeur chérie que tu aimes de tout ton petit coeur (t'en as peut être pas conscience mais c'est le cas, sisi j'te jure)

Je suis désolé de dire que c'est bizarre de montrer ses fesses à son frère quand on a plus de quinze ans...

Merci, Saff ! (et, oui, Ely, c'est un honneur !)